Les Athénéennes 2025
Du 4 au 14 juin 2025
Éros, Thanatos... et la musique!
L’amour et la mort, dans leurs définitions les plus vastes, sont presque toujours au cœur de la création artistique, de ses questionnements, de ses tentatives de dépassement et de sublimation.
La psychanalyse a largement puisé dans les mythologies pour illustrer la complexité de l’âme humaine. Elle nomme la pulsion de vie «Éros» -le dieu grec de l’amour et de la puissance créatrice-, et la pulsion de mort «Thanatos» -personnification de la mort. Ces deux pulsions fondamentales ne peuvent être pensées séparément, elles œuvrent toujours ensemble, sont indissociables.
Les multiples figures d’Éros -l’amour, la vie et la sensualité, la créativité, l’unité dans l’altérité, la pérennité dans la succession, la curiosité, l’accomplissement, la soif de plénitude, l’aspiration du beau et du sens-, les multiples figures de Thanatos -la mort, la passion, la mélancolie l’échec, la perte, la douleur, la séparation, la dissolution, le non-sens- ainsi que leur relation ambiguë, parfois paradoxale, sont bien sûr, très largement représentées dans la Musique.
La tristesse est présente, d’une façon ou d’une autre, dans presque toutes les musiques. Et omniprésente dans les Requiems. Celui de Mozart nous parle du tragique de la finitude. Celui de Fauré nous berce et nous console.
L’angoisse humaine ne saurait se passer de musique. La musique peut être à la fois son exutoire et son soulagement. Les paradoxes humains trouvent là un ailleurs capable d’exprimer l’inexprimable.
Quand Schumann écrit sa Fantaisie , on y entend l’expression de l’amour. Mais c’est bien celle de la passion amoureuse. La passion qui brûle et qui déchire, exacerbée jusqu’à la caricature par les romantiques.
La mélancolie est la face cachée de la passion. La musique, toujours généreuse et accueillante, lui permet d’inventer des couleurs où la noirceur a pris place, qu’il s’agisse de Schubert, de Ravel, de Chopin, de Ligeti, de Villa-Lobos, ou de Billie Holiday.
Le jazz, musique très érotique, n’a-t-il pas ses racines dans le blues des esclaves afro-américains, chantant avec ferveur leur désespoir, exploités et persécutés par des maîtres qu’on dirait «thanatiques»? L’extase est érotique, au plan de l’esprit.
La dimension orgasmique de la musique permet à l’humain d’unifier son ancrage dans la vie et son besoin de jouissance.
L’humain s’exprime en musique, avec bonheur, mais il ne peut se départir – quelles que soient ses aspirations transcendantales – d’un peu de nostalgie.
Dans les époques de doute et de crise, Éros et Thanatos s’affolent, doivent réajuster leur équilibre instable. La tentation peut apparaître de les confondre, voire de les inverser.
La paradoxale pureté de leur danse est à l’opposé des valeurs d’épuration, de mise au pas, d’un ordre issu d’une tabula rasa. Elle est et doit rester un «joyeux bordel» organisé, une musique humaine.
On voit proliférer des faux-prophètes, des Ubus qui fascinent - comme le serpent - et fascisent par la séduction et le mensonge.
De nos jours, la pomme croquée est métallisée sur des millions d’ordinateurs. La démultiplication anarchique et mécanisée de la connaissance ne risque-t-elle pas d’invalider toute vérité?
Heureusement, la sagesse hellénique a voulu Éros divin et bien plus important que Thanatos! Et c’est cet Eros, cet élan magnifique vers la plénitude et la beauté, que nous souhaitons célébrer durant cette 14e édition, dans un esprit de résistance, de fête et de solidarité.
Alors, Musiques! Et que la Danse d’Eros nous emporte joyeusement, du 4 au 14 Juin!
Bienvenue aux Athénéennes!
(Audrey Vigoureux, Marc Perrenoud, Valentin Peiry)
info@lesatheneennes.ch
www.lesatheneennes.ch
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