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"Britten, c’est vraiment l’ADN du Quatuor Belcea"

Publié le 17.01.2025

Le Quatuor Belcea sera en concert le 23 janvier à au Conservatoire de Genève, dans le cadre de la saison de l'agence Cæcilia.

Fondé en 1994 au Royal College of Music de Londres, le Quatuor Belcea fait partie des références de cette formation. En 1999, ils remportent le Premier Prix aux Concours de Bordeaux et d’Osaka.

Depuis, ils sillonnent les scènes internationales avec succès, de l’Elbphilharmonie à Hambourg au Carnegie Hall de New York, en passant par la Tonhalle de Zurich ou encore au Konzerthaus de Vienne.

En 2006, le violoncelliste français Antoine Lederlin succède à Alasdair Tait et rejoint la formation britannique. Formé en France au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Antoine Lederlin commence sa carrière à l’Orchestre Philharmonique de Radio-France où il décroche le poste de violoncelle solo à seulement 19 ans. Aujourd’hui au même poste au Sinfonieorchester Basel, il jongle entre ses différentes activités.

Rencontre avec le violoncelliste Antoine Lederlin



Membre du Quatuor Belcea depuis 2006, vous êtes également violoncelle solo du Sinfonieorchester Basel. La conciliation des deux est-elle facile

L’emploi du temps est effectivement chargé, mais mon poste à l’orchestre est un 50%, donc c’est très flexible.

J’ai une centaine de services par an, bien répartis tout au long de l’année ; sachant qu’une semaine d’orchestre du lundi au jeudi représente déjà 8 services, ils sont vite atteints.

Corina et Krzysztof enseignent à Berne et à Sarrebrück, et je ne pense pas que l’orchestre me prenne plus de temps que leur poste d’enseignement. C’est une organisation, mais on s’en sort !



Vous travaillez donc ensemble par sessions ?

Exactement. Notre vie ne nous permet pas de bloquer des jours fixes chaque semaine, surtout que nous ne vivons pas tous au même endroit.

Notre agent nous donne des périodes de concerts que nous validons deux ou trois ans à l’avance et nous organisons nos répétitions en amont de ces sessions, tout au long de l’année.

Nous commençons la saison l’été ; nous nous réunissons une quinzaine de jours pour monter les programmes.

Vous déchiffrez tous les quatuors de la saison à ce moment-là ?

En tout cas le premier programme de l’année. En général, nous profitons de ce moment pour voir les gros morceaux qui nous attendent.

Par exemple, cette année, nous jouons à plusieurs reprises le Quatuor n°1 de Schoenberg, qui est une pièce énorme très difficile. Nous avons passé quasiment les quinze jours de travail sur ce quatuor.





Comment construisez-vous vos programmes ?

À vrai dire, nous jouons un peu ce qui nous fait envie. L’important est d’articuler un programme qui ait un sens, selon les desiderata de chacun, en variant les genres pour ne pas jouer que du romantique ou que du classique.

Nous avons la chance d’être libres de construire nos programmes nous-mêmes.

Ce qui vous permet de limiter votre répertoire chaque saison?

C’est une chance ! Nous préparons environ trois ou quatre programmes par an. Ce n’est pas forcément le cas des jeunes quatuors, lorsqu’ils manquent de notoriété. Certains organisateurs les invitent en demandant un programme précis, et dans ce cas, ils sont forcés de se soumettre leur volonté pour exister.

Le Quatuor Belcea n’est plus nouveau sur la scène musicale, et les organisateurs sont plus intéressés par notre Quatuor que par un programme qu’ils voudraient imposer.

Nous avons fait nos preuves, ils nous font confiance.

Pour votre concert à Genève, vous jouerez Britten, dont la musique de chambre n’est pas souvent jouée.

C’est vraiment l’ADN du Quatuor Belcea. À l’origine, le Quatuor est anglais. Corina et Krzysztof ont fait leurs études en Angleterre, et Benjamin Britten fait partie du répertoire du Quatuor depuis ses débuts. Nous jouons énormément ses trois quatuors.

C’est de la très belle musique, méconnue sur le continent.

Au-delà de Britten, il est intéressant de préciser que ce programme dans sa globalité a une raison particulière d’être, car il s’agit du tout premier programme, lorsque le Quatuor a commencé sa carrière professionnelle.

Nous fêtons les trente ans du Quatuor Belcea, donc reprendre ce premier programme est un clin d’œil aux débuts de notre formation, un retour aux sources.





Britten est un peu votre compositeur phare ?

Il nous accompagne partout : au Japon, aux Etats-Unis... en particulier le Troisième Quatuor que nous jouerons à Genève.

C’est en général une musique que le public ne connaît pas, mais qu’ils aiment beaucoup après l’avoir écoutée.

Le premier quatuor est ludique et festif avec un magnifique mouvement lent. Le deuxième est très Bartókien et le troisième est contemplatif, avec une passacaille emprunte de sérénité.

C’est un langage à part que j’aime beaucoup, et que j’aimais déjà avant de rejoindre un quatuor anglais. C’est toujours mieux de défendre une musique que l’on aime, et la faire découvrir au public est une sensation très agréable !

Quand s’est révélée votre envie de vous tourner vers la musique de chambre ?

Je suis d’une famille de mélomanes, mais pas de musiciens, et le quatuor à cordes n’était pas un genre que l’on écoutait à la maison. Quand j’ai eu seize ans, j’ai découvert les quatuors de Beethoven, cela a été une véritable vocation dès ce moment.

C’est d’ailleurs à cet âge que j’ai commencé sérieusement le quatuor à cordes, notamment avec David Grimal pendant trois ans. Quand j’ai reçu un appel du Quatuor Belcea en 2005, c’était le destin qui frappait à ma porte.

J’ai foncé et j’ai tout fait pour que cela fonctionne.

Jouez-vous dans d’autres effectifs que le quatuor à cordes ?

Entre l’orchestre, le quatuor et mes enfants, j’ai un emploi du temps déjà bien rempli, mais il y a quand même un projet récurrent.

Je joue en trio avec le pianiste américain Jonathan Biss et la violoniste Midori. Tous les deux ou trois ans, nous faisons une grande tournée, soit asiatique, soit américaine, soit européenne. C’est la formation de musique de chambre la plus récurrente en-dehors du quatuor.

Autrement, je joue parfois avec les Modigliani lorsqu’ils ont besoin d’un violoncelliste, notamment pour le Quintette de Schubert, ou le Souvenir de Florence que l’on vient d’enregistrer. J’ai beaucoup de mal à faire des choses à la va-vite, donc quand je m’engage dans un projet, c’est que j’ai le temps de bien les faire.

Vous jouez également régulièrement en octuor avec le Quatuor Ebène.

Depuis 2-3 ans, nous avons effectivement pas mal joué avec les Ebène. Nous revenons d’une tournée aux Etats-Unis et au Brésil avec eux.

En mars, nous irons au Japon, en Corée et à Hong-Kong, et en juillet, nous serons en studio avec eux pour enregistrer les octuors de Mendelssohn et Enescu. Nous les aimons beaucoup !

Nos deux Quatuors se ressemblent un peu, dans notre volonté d’aller au fond des choses, et d’accorder de l’importance à chaque détail.

Propos recueillis par Sébastien Cayet


Quatuor Belcea

En concert le 23 janvier 2025 au Conservatoire de Genève

Corina Belcea, violon - Suyeon Kang, violon - Krzysztof Chorzelski, alto - Antoine Lederlin, violoncelle

Programme:
Wolfgang Amadeus Mozart
Quatuor à cordes no 20 en ré majeur, K 499 Hoffmeister

Benjamin Britten
Quatuor à cordes no 3 en sol majeur, op. 94

Ludwig van Beethoven
Quatuor à cordes no 9 en ut majeur, op. 59 no 3, Razumovsky

Informations, réservations:
https://www.grandsinterpretes.ch/event/quatuor-belcea2025

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